« Nous sommes des comédiens non rétribués
Notre rôle… rester debout, nus comme notre
mère nous a mis au monde. Comme la terre
nous a mis au monde. Comme nous ont enfantés
les bulletins d’informations, les rapports
volumineux, les villages attenant aux colonies de
peuplement et les clés que mon grand-père garde encore.
Pauvre grand-père ! Il ne sait pas que les serrures ont été changées.
Malédiction, ô grand-père, ces portes qui
s’ouvrent avec des cartes magnétiques, ces eaux
de drainage qui passent près de ta tombe.
Malédiction, ce ciel fermé à la pluie.
Qu’à cela ne tienne ! Tes os ne peuvent pas
pousser dans le sable. Le sable est donc de
nouveau la cause de notre sous-développement.
Grand-père ! Je me présenterai à ta place au jour
du Jugement dernier car mes parties intimes ne
sont pas inconnues des caméras.
Sera-t-il permis de filmer le jour du Jugement dernier ? »
Ashraf Fayad, Instructions, à l’intérieur, poèmes traduits de l’arabe par Abdellatif Laâbi, Le Temps des Cerises éditeurs, 2015.
La 4e de couverture :
Né à Gaza en 1980, Ahsraf Fayad est un poète et artiste palestinien qui vit en Arabie Saoudite. Il a d’ailleurs représenté ce pays lors de la Biennale de Venise en 2013.
Des extrémistes religieux l’ayant accusé d’avoir écrit des poèmes athées, il a été condamné à mort, le 17 novembre 2015.
Une campagne internationale s’est engagée en sa faveur. Et le 2 février 2016, la Cour d’appel a décidé de commuer la peine capitale en huit ans de prison et huit cent coups de fouet.
L’action se poursuit pour que soit libéré Ashraf Fayad.
En savoir plus :
– note de lecture de Claude Vercey : I.D. n°628 : Faire du coeur un dieu
– article publié par BibliObsAshraf Fayad : 800 coups de fouet pour un poème
Et dire qu’on arrive à se croire subversifs, nous, avec nos canapés et nos ordis…
J’pensais la même en lisant ce recueil… Mais fais gaffe mec, j’ai lu tes 8 poèmes dans Décharge…
Superbe, pourvu qu’il recouvre sa liberté.